Brigitte Costy

 

B r i g i t t e   C o s t y

Artiste – plasticienne

 

Quels mots dire sur sa peinture ?

Magritte donne la voix dans sa manière énigmatique de mettre en scène l’image et le mot posant la question du corps de ce qu’il y a entre, dimension vers une inconnue.

La peinture est pour moi avant tout un champ d’exploration infini. Elle l’a d’abord été à travers mon regard en tant qu’historienne d’art puis dans ma pratique dans laquelle je me suis lancée grâce à une lecture enthousiasmante des écrits de Kandinsky.

Puis j’ai cheminé dans le rapport à l’espace peint, allant de la recherche d’équivalence de saveur de textures prises dans la réalité – le pamplemousse, le coquelicot – à la découverte de l’émergence de la forme par un travail spécifique sur le support dans lequel le blanc a joué un rôle initial. J’ai travaillé par strates, superposant des papiers très légers – papier de riz, papier de soie sur papier Kraft, papier journal – en y insérant progressivement des couleurs.

Cheminement donc qui s’est affirmé progressivement dans la recherche de matières; parcours où les écueils et insuffisances à mes yeux m’ont permis d’établir progressivement un processus de formation volontairement jamais arrêté sur l’identifiable; où les joies de la découverte, que je retrouve dans les œuvres d’autres artistes qui continuent fort heureusement à me nourrir, tentent de rester premières.

Le point de départ est aléatoire, la technique utilisée est impulsée par le support – les papiers encollés, le bois, le carton alvéolaire, les radiographies – sur lequel interagissent les pigments tenus par un liant acrylique, de l’huile de tournesol, de l’œuf; et/ou de la peinture acrylique, des pastels, de l’encre, du brou de noix, du coton hydrophile etc.

La matière s’organise selon des contrastes, paradoxes, rythmes guidant la transformation de la puissance à la légèreté, de la permanence à l’éphémère, au volatile.

Le papier de riz et le papier de soie sont élus pour leur transparence, leur capacité à révéler la forme, la sensualité des tons et des textures obtenues par superpositions, juxtaposition.

Le corps est toujours présent sans être désigné, les papiers s’apparentant à la peau. Les radiographies davantage élues pour leur évocation de l’étrange, de l’étrangeté que pour celle de photographie du corps; la photo ainsi que son support lisse, aux tonalités magnifiques de bleu gris noir blanc, servent de déclencheur à la main et à l’œil qui vont jouer avec.

Découverte et respect de la matière et de ses contraintes où l’intervention se cherche comme acte poétique, désir d’ailleurs, mystère. Une invitation aussi à se plonger dans l’univers du regard, du voir autrement.