Lucas Aymery

L u c a s   A y m e r y

Artiste peintre

https://lucasaymery.wixsite.com/galerie

 

La nature, le vivant sont au centre de mon attention.

Aussi loin que je me souvienne les Arbres ont exercé sur moi une attraction profonde. Le vieux châtaignier qui dansait dans le vent derrière la maison de mes grands-parents, notre gardien impassible, me fascinait. Les marronniers du parc au pied de notre immeuble semblaient toujours m’appeler.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné.

J’ai étudié aux Beaux-Arts de Rennes pendant trois ans, puis j’ai été relieur dans différents ateliers artisanaux, de Paris à Grenoble en passant par Montréal. J’ai également été ouvrier dans un atelier de lithographie.

J’ai fini par m’installer dans le Pilat où j’ai travaillé dans les vignes et en maraîchage, dans ma volonté de me rapprocher des plantes qui me passionnent et me fascinent ; j’ai aussi travaillé chez plusieurs pépiniéristes, au plus près des arbres. Cette (re)découverte du végétal n’a pas été seulement agricole : je n’ai jamais cessé de dessiner au fil de
toutes ces expériences. Quand j’ai commencé à cultiver des plantes, à planter des arbres, j’ai réalisé que ce processus avait germé depuis longtemps déjà, sur le papier, à travers mes dessins.

Récemment j’ai créé avec des amis l’association « Des racines à la cime », dont l’objectif est de planter et conserver des arbres fruitiers de variétés anciennes qui nous survivront.

Ce parcours a été jalonné de voyages, à travers la Chine en train, la Cordillère des Andes en bus, en stop et à pieds, l’Atlantique en voilier jusqu’au Mexique… Ces périples ont grandement alimenté ma création artistique, que j’ai eu l’occasion d’exposer à plusieurs occasions depuis 2013.

En Chine j’ai découvert le pinceau de calligraphie, ce trait d’union entre la main et le papier, qui libère le geste et sait si bien révéler l’invisible. Depuis que j’ai commencé à l’apprivoiser, ma pratique d’autres moyens d’expression comme le pastel à l’huile ou la gouache porte son empreinte. J’ai aussi rencontré là-bas la peinture Chinoise, notamment celle d’inspiration Taoïste, cette peinture du vide qui est au centre de tout, ce vide qui n’est pas une absence mais le lieu où se tissent les liens ; ce vide qui est une immense présence.
J’ai approché dans les Andes Australes la Forêt primaire, celle qui s’impose et vous laisse sans voix, sans mots, mais qui vous invite à autre chose, à une relation plus intime peut-être. J’ai aperçu au milieu de l’Atlantique un bout de l’immensité du Monde et me suis senti petit, si petit au sein de ce véritable organisme vivant
qu’est l’Océan, enveloppé de sa présence infinie et de son souffle continu.

Ici c’est en forêt que je retrouve cette sensation, cette présence absolue des arbres que je côtoie.

Une forêt c’est un véritable Océan de feuilles, de branches, de troncs…
Le rythme de ses vagues est de l’ordre du siècle plutôt que de la minute, mais ça gonfle pareil, ça fuit et se dérobe parfois, pour mieux préparer la vague suivante. Comme la mer, ses multitudes de vagues entrelacées engendrent des flux et des reflux, des courants des marées, des tempêtes de verdure et de chants d’oiseaux, des ouragans de sève, et tantôt calme tantôt tumultueuse, la forêt naît, renaît et renaît encore.
C’est un mouvement perpétuel, qui s’inscrit dans un temps si long qu’il nous échappe souvent.

Mes dessins cherchent à entrer en résonance avec le vivant, à le sentir. A révéler ces liens qui unissent toutes choses mais que souvent on ne perçoit pas.
A offrir toute notre considération à la nature, en nous et autour de nous, sans distinction, sans séparation.

Hier je dessinais des paysages, comme des cheminements intérieurs à partager, je me faisais montagne, colline, sentier.

Aujourd’hui je dessine des Arbres, je fais leurs portraits, pour enforester les cœurs, pour les faire revenir au centre de nos vies.

Nos lointains ancêtres sont un jour descendus des arbres et nous l’avons presque oublié. Petit à petit notre lien éternel s’est fait plus ténu, et à travers ces portraits j’espère participer à le renforcer avant qu’il ne casse pour de bon.

Les Arbres nous semblent pleins de secrets mais en réalité ils ne cachent rien. Leur propos s’exprime dans leur langue, toute en brindilles, en sève, en feuillage, plus étrangère pour nous que n’importe laquelle des langues humaines. C’est un peu de cette langue que je cherche à
traduire ici sur le papier – sans perdre de vue que toute traduction est faite d’approximations, d’interprétations, de glissements…